dimanche 30 novembre 2008

Chapeau bas monsieur René ROYER


Oui, chapeau bas pour votre travail, car une aussi vaste diversité dans la création d’appareils photographiques mérite qu’on s’y arrête un instant, voyez plutôt : appareils 24x36 Savoy, appareils 6x6 Royflex, folding 6x9 équipés Angénieux, 35mm reflex Savoyflex et même un 6x9 à tube rentrant l’Altessa. Ma parole on se croirait chez Zeiss Ikon. Pourtant nous sommes bien en France, à Fontenay-sous-bois, trois ans après la fin de la deuxième guerre mondiale.

La mode des pliants à soufflets est encore bien ancrée en France quand M. René ROYER sort en 1948, au salon de la photo, une série d’appareils bi-formats de haute précision en fonte d’aluminium. La gamme est très étendue, ils sont très beaux, précis et eurent un succès considérable : en haut de la série le magnifique TELEROY, le super-Ikonta français.

Encore à la mode le format 6x6 en 1952, (les Rolleiflex ne sont pas encore autorisés à passer la frontière), « l’appareil des belles photos, le reflex vraiment complet » les réclames de l’époque n’arrêtent pas de glorifier le ROYFLEX ; il faut bien le reconnaître, ce bi-objectif est vraiment superbe et, avec son concurrent le Semflex, ils furent les 6x6 les plus vendus en France. Héritier du Rex-Reflex, le Royflex est équipé du Télélight, un système de visée très claire, le modèle haut de gamme culmine avec le ROYFLEX III automatique, mais très cher.

Le 6x9 est mort, le 6x6 est à l’agonie (du moins chez les amateurs), la tendance en 1956 est au petit format et à la photo couleur : les SAVOY 24x36 peuvent arriver. Grosse erreur de départ, la SITO (Société Industrielle de Technique Optique) aborde très mal le système par la réalisation de son premier modèle : l’appareil ne s’ouvre ni par le dos ni par le fond, c’est la platine avant complète qu’il faut désolidariser du corps pour charger le film. On corrige très vite les plans et sortent des usines de Fontenay, le SAVOY II, le III, le IIc (à cellule), le IIIb pour finir avec le SAVOYA : un air de Focasport chez Royer.

En 1959 sort le Nikon F, Royer les SAVOYFLEX. Ces reflex 24x36 avaient, sur le papier, beaucoup d’attraits pour séduire la clientèle, mais ils étaient dotés d’un obturateur central, et les objectifs n'étaient pas interchangeables, seuls des compléments optiques corrigent un peu ce point négatif, ce qui n’empêchaient pas les défaillances mécaniques. Il reste qu’avec les Focaflex, les Savoyflex sont les deux seuls reflex 24x36 français.

Quant à l’ALTESSA, on se demande qu’elle mouche a pu piquer les ingénieurs de la SITO, à l’image du Lumiclub de chez Lumière, cet appareil à tube rentrant est une curiosité. Mais il est à tube-objectif-obturateur amovible. A double format (6x9, 6x6), René Royer s’orienta très vite vers d’autres modèles, renonçant à son Altessa. Et tel qu’il est, c’est sans doute l’un des boitiers les plus originaux, qui fait, aujourd’hui, la joie et la fierté des collectionneurs.

Merci René.

samedi 22 novembre 2008

Entre Mairie, Cassine et Plo de Grave


Les Industries RAUCOULES:

Les ballots de chiffons de l’entreprise Raucoules sont visibles à droite de la carte. Ici travaillent dans la poussière une trentaine de trieuses de chiffons. Leurs cheveux sont noués dans des foulards ; les balles de débris d’étoffes sont gigantesques : un treuil grinçant les grimpe au 1er étage de l’entrepôt. Le contremaître Albert Pagès, commande les manœuvres.
Les charrettes sur la gauche de la gendarmerie sont issues de l’atelier du forgeron Viguier.

Les Industries RAUCOULES, sur la place de la Mairie (place Jean BUGIS) étaient une entreprise de retraitement des vieux chiffons provenant de différentes régions, d’Algérie même, ce qui n’était pas sans poser quelques petits problèmes: en effet des insectes indésirables venaient souvent perturber le travail des ouvrières.

Les chiffons étaient triés puis effilochés avant d’être séparés par carbonisation. Puis venait le cardage, la teinture, avant l’expédition dans les usines de filature. Une centaine d’ouvriers et ouvrières travaillaient à cette usine qui ferma en 1958.

Elle eut pour directeur M. RAUCOULES, BRETON et BIROU et au secrétariat, entre autres, Mme Renée LAGARDE. M. Raucoules eut pendant longtemps un chauffeur nommé David BLAVY.
Du côté de la poste ou de la Cassine :

A peu de distance de là, la rue de La Cassine. Un vieux dictionnaire (que me montra le Colonel Raymond ABRIAL) nous donne la définition du mot cassine: « petite maison isolée au milieu des champs où l’on peut se retrancher et s’embusquer, et par extension, petite maison de plaisir hors de la ville ».
Familièrement: baraque, mauvaise petite maison, établissement mal tenu.

Extrait du la délibération du Conseil Municipal de Dourgne du 25 mai 1905:

Un projet de création d’un atelier public de distillation voit le jour. Mais il n’est pas accepté par le Conseil Municipal à cause de la situation financière du moment. Une demande de renseignements supplémentaires est faite par le Conseil à M. le Receveur des contributions directes de Puylaurens.
La Poste de Dourgne était au 19ème siècle, Rue de Rome, puis au début du 20ème, Rue de la Cassine (aujourd’hui Rue du Général Leclerc ancienne maison Terras), puis à nouveau Rue de la Cassine (ancienne maison Bardou) et depuis quelques années, dans l’ancienne école communale de filles, sur la Promenade.
Dans cette même rue, autrefois, ce tenait le marché aux veaux attachés au mur du parc de madame Louis.
La Poste :
Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal de Dourgne du 6 juin 1898:

Une étude d’installation d’un réseau téléphonique dans la région, auquel pourrait être reliée la commune de Dourgne est déposée.
Le coût fixé par l’Administration des Postes en est de 14000F pour Sorèze et Dourgne.
Mais la commune de Dourgne, déjà munie d’un bureau télégraphique, peut correspondre avec les diverses localités. « Elle ne peut rentrer, vu son état financier, dans les dépenses qu’occasionnera cette installation et est d’avis de ne pas faire partie du réseau. »

Le 25 mai 1905, les habitants de La Rivière et En Calcat se plaignent du retard de leur courrier. Leur correspondance arrive souvent 24 heures après celle du village; une lettre arrivant par le courrier de midi, ne peut leur être distribuée que le lendemain à 11h ou 12h.
En conséquence, ils demandent la nomination d’un troisième facteur rural.
Le bâtiment de la poste de la rue de la Cassine date de 1953, après avoir siégé place de l’église, elle était alors tenue par Mlle CLAMOUS.
A suivre.

lundi 3 novembre 2008

Un air de famille : le gaulois Gallus de Courbevoie et le teuton Foth de Berlin.

Avant la WW2, en Gaule, il y avait la marque Gallus qui fabriquait à Courbevoie des foldings à plaques ou à pellicules, des stéréos, tous avec une solide réputation de qualité.

De l’autre côté du Rhin, il y avait à cette même époque, la Foth Fabrik & Co qui sortait à Berlin des appareils très divers comme le 6x6 Foth-Flex, les foldings 6x9 luxe gainés de cuir façon croco et aussi des petits appareils au format 3x4 appelés Derby, un ersatz de Leica.

En 1938, il ne faisait vraiment pas bon être juif à Berlin, c’est sûrement pour cette raison que notre Foth se retrouva en France pour essayer de continuer la fabrication de ses appareils.
Gallus sauta sur cette opportunité, et le résultat de cette entente fut la fabrication par cette marque française, du Derby de Foth.
Le Derby-Gallus français est, au début, la copie presque conforme de son ainé allemand : seul l’objectif Foth a été remplacé par un Saphir Boyer bien de chez nous. Sinon c’est le même petit appareil pliant à tendeurs au format 3x4 équipé d’un obturateur à rideau du 25ème au 500ème de seconde.

Rare de chez rare, ce Foth-Derby, made in Paris, France, « une éphémère et confidentielle version à télémètre couplé », d’après P.H. Pont, que j’ai déniché sur un site web grand public de petites annonces (content Bernard !).

Bientôt, le nom de Foth disparut complètement et Gallus modifia, enfin, l’aspect de son Derby. Ce qui nous valut d’abord le Derby-Lux puis très rapidement le DERLUX.
Tout l’appareil est en aluminium poli, sans aucune peinture ou gainage. La plaquette avant, qu’il faut tirer pour opérer, est reliée au corps arrière par un petit soufflet et des ciseaux très rigides. L’objectif est un Gallix 3,5 de 50mm, à l’arrière se trouve une grande table de profondeur de champs percées de fenêtres rouges et vertes, destinées à lire les numéros, selon le film utilisé, ortho avec papier rouge ou panchro avec papier vert : un très bel appareil, très original qui avait, hélas pour lui, la malchance d’être au format 3x4.

En 1950, l’heure est au 24x36, on rêve de couleurs, de diapos, de formes nouvelles, le Gallus cessa de chanter.