vendredi 12 septembre 2008

Petites histoires d'ardoisiers

En mars 1904, éclata une grève des ardoisiers qui réclamaient une augmentation de 0,25f pour une journée de 8 heures. On put les voir descendre à Dourgne en cortège avec des drapeaux rouges et en chantant, sur l’air de la Carmagnole, ces paroles en patois:

« Uno Arfountolo, escoutas pla,
Uno Arfountolo, escoutas pla,
Uno damo voulio sembla,
Mès es qu’un vielh fagot... »

Toutes ces paroles étaient en fait destinées à la femme du patron d’alors (M. FABRE) qui, parait-il, influençait beaucoup son mari. Elle venait d’Arfons, ne savait presque pas parler le français mais se faisait passer pour une grande dame, ce qui ne plaisait pas toujours aux pauvres ardoisiers qui subissaient souvent ses décisions.
Pendant qu’ils faisaient grève aux ardoisières, un peu plus tard, les ouvriers employaient leur temps à travailler à la construction de l’abbaye Ste Scholastique.

Le transport de l’ardoise de toiture se faisait, bien évidemment, avec des charrettes tirées par des vaches ou des boeufs. Elles étaient souvent entreposées au bout du faubourg en attente de traction. (voir carte postale)

Ce transport était effectué par les agriculteurs locaux qui n’avaient plus de travail, l’hiver ou après les moissons. Ils ne pouvaient faire qu’un voyage par jour et ne transportaient que 15 toises (60m²)
Sur le chemin d’accès à la carrière, les ouvriers avaient découvert un filon de grès. Cette pierre, découpée, était utilisée pour affûter les outils de taille et même, beaucoup plus tard, les disques en tungstène et diamants.
Différents chantiers s’étageaient dans la carrière à ciel ouvert:

- sur le coté nord: les chantiers de St-Ferréol, du Bureau, de la Forge et de la Cuisine.

- sur le coté sud: les chantiers du Peuplier Haut, du Peuplier Bas, de Port-Arthur et de la Sauzo.

A la fin du siècle dernier, pour couvrir l’usine textile de Lastours, les ardoisières de Dourgne, qui employaient alors plus de cent ouvriers, détachaient leurs équipes de couvreurs auxquels s’ajoutaient les charpentiers et les ferblantiers pour un travail en commun.

A suivre encore...

mercredi 10 septembre 2008

Un appareil atypique : Le SEMFLASH

En 1954 l’idée de la société SEM était simple, animer le rayon « travaux photo » des revendeurs durant les périodes creuses en proposant à la location un appareil permettant aux amateurs de flasher à domicile. Mais très vite, le SEMFLASH se retrouva dans les catalogues des professionnels mais aussi dans celui du grand public.
L’énorme avantage de cet appareil était de ne plus se casser la tête avec les calculs de distance et de nombre-guide, il suffisait de mettre au point, puis de reporter sur la couronne de l’obturateur un chiffre et le tour était joué. Avec le modèle couplé, cette dernière manœuvre n’était même plus nécessaire.
La réclame d’époque disait ainsi : » SEMflash présenté en mallette, indispensable pour la location, le reportage, l’industriel, etc. » Le SEMflash classique était proposé à l’époque 46.800F, le couplé à 57.600F.
Dans sa mallette en bois recouverte de simili cuir, on pouvait ranger non seulement son appareil mais aussi 6 bobines 120, des accessoires comme un filtre ou un pare-soleil, malins les gars de la SEM.
Un peu de technique maintenant : le SEMflash est un SEMFLEX sur le côté duquel est fixé à demeure un flash électronique alimenté par secteur. Il ne possède qu’une seule vitesse parfaitement synchronisé à l’éclair ; avec la mise au point faite, un chiffre lui correspondait il suffisait de reporter sur la bague avant ce chiffre pour régler l’ouverture du diaphragme. Sur le modèle « couplé », la mise au point réglait aussi l’ouverture : toute erreur était alors impossible.
Encore une fois notre industrie photographique se distinguait particulièrement puisque le SEMFLASH a été le premier appareil au monde doté d’un flash électronique monté à demeure. On sait quel avenir cette formule était appelée à avoir…
Et donc encore une fois Cocorico !!!!!

samedi 6 septembre 2008

Dourgne, le pays de l'ardoise.

En 1888, à Dourgne, des règlements précis régissent l’exploitation des ardoisières communales. Une commission mi-partie de conseillers municipaux et d’ardoisiers délimitera les concessions. Le transport des déblais, proportionnera les surfaces concédées au nombre d’ouvriers employés et à la qualité d’ardoise extraite.
Cette exploitation de l’ardoise à Dourgne remonte, dit-on, à l’époque romaine. Il est difficile aujourd’hui de dater avec précision le début de l’exploitation des ardoisières de Limatge, lieu appelé autrefois « l’Alleu del Fossat ».
En 1885, plusieurs exploitants travaillent sur divers chantiers, ils se nomment:
-Auguste FABRE à Limatge,
-Mathurin FABRE,
-FONTES,
-SEGUIER,
-VEYRIE,
-BOYER.
En 1887 viennent s’ajouter à cette liste: ALBERT, ALBOUI, ARMAND, AUDIE, AUGE, BENAZETH, BERTOUMIEU, BETEILLE, BONAFOUS, BONNET, BOUISSET, CARRIERE. L’annuaire du Tarn de cette année ne précise pas les différents lieux d’exploitation.
Ce qui est intéressant de constater, c’est le nombre impressionnant d’exploitants pour une même commune, et le peu de toiture d’ardoises dans le pays, les abbayes n’ayant vu le jour que quelques années plus tard.
En effet, à l’aube de ce siècle, ils sont plus d’une centaine, 109 exactement, à travailler à la carrière de Limatge, venant de Dourgne, mais aussi d’Arfons, de St-Amancet, de Massaguel; c’est à pied qu’ils rejoignaient le matin comme le soir le lieu de travail ou leur foyer.
Ils n’oubliaient pas, même après une dure journée de labeur, de cultiver quelques légumes à la belle saison dans leurs "bouzigues" (jardins) implantées de part et d’autre du chemin d’accès à l’ardoisière; ils rentraient avec la nuit, en laissant traîner leur bâton ferré avec un bruit caractéristique, un gros fagot de bois sec sur les épaules. Le temps était bien employé.
A suivre...

jeudi 4 septembre 2008

En tête des 6x6 français, le SEMFLEX.

Dans une des premières proses sur les appareils je vous ai avoué ma préférence pour les appareils français et notamment pour les FOCA. Il est une autre marque, française également (sans chauvinisme), qui est tout aussi passionnante par la qualité et la diversité de ses créations, c’est SEMFLEX.
La Société des Etablissements Modernes de Mécaniques est créée après la 2ème guerre mondiale à Aurec, dans la Haute Loire, par Paul ROYET et Claude FORGE. Peut-on faire un parallèle entre ces deux techniciens français et leurs homologues allemands, FRANKE et HEIDECKE, qui, plus de dix-huit ans plus tôt, créaient le fameux Rolleiflex, la tentation est grande. Mais, si le SEMFLEX fut une réussite tant sur le plan technique que commercial, il faut bien reconnaître qu’il n’atteindra jamais les performances de son concurrent allemand, et pourtant…
En mai 1948, la presse photographique annonce la très prochaine sortie par l’usine d’Aurec, d’un reflex 6x6 à deux objectifs, de très grande classe, la réclame de l’époque n’était pas loin de la vérité car le SEMFLEX a été un superbe appareil. Il se déclinera en deux grandes catégories de boitiers, les « Standard » et les « Otomatic », à bouton et à manivelle de rembobinage du film, catégories se divisant elles même en plusieurs modèles.
Tous sont équipés d’objectifs Berthiot, Angénieux ou plus rarement Tourret-Narat. Les obturateurs sont des OREC, traduction phonétique du nom de la ville d’Aurec.
Des Semflex « spéciaux » furent proposés au public : « Semflex joie de vivre », pour ne pas s’embêter avec la technique, Semflash, en location chez les revendeurs, pour les grandes occasions de la vie et surtout Semflex Studio à objectifs longues focales fixes, la riposte de Sem au Rex-reflex.
C’est un Sem Studio 2 Oto (type 38) que je vous propose sur la photo illustrant cet article, il est équipé d’une platine comportant pour la visée un 150mm f : 3,9 Berthiot et pour la prise de vue un 150mm f : 5,4 de la même marque. Il porte le n°433529. Fabriqués entre 1962 et 1966, ces appareils, comme leur nom l’indique, étaient spécialisés pour le portrait et autres prises de vues exigeant un cadrage serré, ils étaient principalement utilisés par les professionnels.
En 1972, apparut la dernière série des Semflex avec obturateur Synchro-Compur : rareté aujourd’hui.
On ne se lasse pas de manipuler un SEMFLEX, ils sont, aujourd’hui, toujours autant prisés par les collectionneurs, ils sont, eux aussi, les dignes représentants d’une industrie photographique française mais éphémère. (Voir le remarquable livre de P.H. Pont aux éditions Foto Saga, « Sem et les Semflex »).

lundi 1 septembre 2008

Dourgne fin 19ème, quelques dates encore :


1873: alors que l'on dénombre 1749 habitants à Dourgne, le 1er pèlerinage à St Stapin est organisé le 17 août.

1874: dès le 1er janvier est fondée la Société de Secours Mutuels de St Stapin, cette même année vit la naissance de mon arrière-grand-mère, Marie FERREOL, qui épousera plus tard Jules LAGARDE.

1885: les 27 et 28 décembre, la statue de St Stapin est érigée sur le rocher de l'Abbade.

1888: une nouvelle croix en fer est mise en place et bénie sur le Désert de St Ferréol, le 21 mai.
Des règlements précis régissent l’exploitation des ardoisières communales.
Une commission mi-partie de Conseillers municipaux et d’ardoisiers délimite les concessions et le transport des déblais, proportionne les surfaces concédées au nombre d’ouvriers employés et à la quantité d’ardoises extraites.

1889: les 4, 5, 6 août, arrivée de la relique de St Stapin à Dourgne en provenance de St Denis de la Croix Rousse de Lyon. Dès cette période, le prénom de Stapin est très souvent donné aux nouveaux nés; on peut rencontrer dans le village ou sa campagne proche: Stapin AUGER, BESOMBE, BONNET, BOUISSET, COUZINIER, RAYSSEGUIER, TRENTOUL, ainsi que Marie-Stapine JAURES, CHABAL...

1890: la première pierre de l'abbaye d'En-Calcat est posée le 15 janvier.

1891: la première pierre du couvent de Ste Scholastique est posée le 5 juin.

1894: le 1er juillet est instauré le règlement concernant le nouveau corbillard construit par M. HOURTAL, dit « Lamic ».

1899: les premières démarches pour la construction de la gare de la Société des Voies Ferrées Départementales du Midi (V.F.D.M.) sont effectuées le 14 mars par M. RAUCOULES, maire.

Le premier juin de cette année qui voit la fin du siècle, eu lieu à La Roque, la naissance de mon grand-père George, Alfred. Sa mère, Marie Ferréol, ne voulant pas que son prénom soit mal prononcé par le patois local, qui aurait transformé le George en un "Tsordï", opta pour son deuxième prénom, Alfred. Cela n'empêcha, pas 23 ans plus tard, Renée Claude, ma grand-mère, d'appeler son mari "Fred".