lundi 20 octobre 2008

Que la lumière soit, et la lumière ne fut pas toujours.


Suite à l’implantation de cette usine, il a fallu établir un règlement pour la concession des lampes électriques, en voici les principaux points:

- les lampes concédées par la commune sont de deux types: lampes de 15 ou de 10 bougies.
- les frais d’installation sont à la charge des particuliers.
- la concession est d’un an minimum, du 1er janvier au 31 décembre.
- des concessions pourront être prises en cours d’année tant qu’il restera des lampes disponibles. - le renouvellement de la concession se fera par tacite reconduction, l’annulation devra être déclarée en mairie 3 mois avant la fin du contrat.
- le prix des lampes de 16 bougies est fixé à 3 francs par an, celui des lampes de 10 bougies à 2 francs. Le renouvellement des lampes usées ou cassées est à la charge des particuliers.
- le montant de la concession pourra être payé par trimestre, semestre ou à l’année mais d’avance.
- tout concessionnaire qui aura augmenté la puissance de sa lampe ou qui en aura utilisé deux alors qu’il n’a droit qu’à une perdra le droit de la concession et il sera néanmoins obligé de payer le montant de l’année entière.
- la municipalité s’engage à fournir de la lumière une demi-heure avant le coucher du soleil jusqu’à 11h du soir régulièrement. Durant l’hiver elle fournira en plus de la lumière à partir de 4h30 du matin jusqu’à une demi-heure après le lever du soleil.
- aucun recours contre la commune ne pourra être fait par les particuliers; si, pour une raison de force majeure, ils venaient à manquer de lumière, le nombre de journées serait alors remboursés.
- les lampes des particuliers devront être prises à la mairie; il est expressément interdit d’en acheter ailleurs; les lampes usées ou détériorées seront échangées nombre pour nombre.

Ce règlement surprenant a été accepté entièrement par le conseil municipal le 8 novembre 1891.


De plus, une police d’abonnement comprenant onze articles devait être lue et signée par le futur concessionnaire.
Un cahier des charges de la vente de l’éclairage électrique comprenant douze articles fut établi pour Dourgne, La Montagnarié et Fondouce.
Le règlement ainsi que la police d’abonnement ne firent pas l’unanimité dans la commune. De nombreux concessionnaires se sont plaints, critiquant divers articles.


En 1922, par suite de défectuosités de l’éclairage dues à l’usure des machines et du matériel de conduction, la question se posa d’une réfection totale de l’installation communale.
Ce projet, dont l’exécution était terminée en 1923, réglementait d’une manière très précise la vente de l’électricité au moyen de compteurs dont le nombre était strictement fixé, de manière à ne pas affaiblir le courant.
Cette nouvelle installation coûta à la commune la somme de 123.000 francs. Les recettes, (le prix de vente étant de 1 franc le KWH) s’élevaient à:
- 14.968,60 francs pour 1924.
- 15.815,70 francs pour 1925.
- 17.600 francs pour 1926.

Il y avait aussi des dépenses (traitement du préposé, amortissements et frais d’entretien), qui dépassaient souvent le montant des recettes.
Le voltage de 110 volts était passé à 90 volts par suite du grand nombre d’abonnés.

En 1928, un projet d’extension de l’éclairage est posé, il est motivé par diverses raisons:
- extension du réseau à la population rurale,
- utilisation de plus en plus de la force motrice dans les entreprises et les exploitations agricoles.
Les dépenses engendrées par cette extension ne pouvant pas être prises par la commune de Dourgne, il a été décidé de céder l’usine à une société privée.

Deux se proposèrent pour cette reprise:
- la Société Valentinoise,
- la Société Pyrénéenne.
Finalement l’électrification généralisée du pays par l’EDF eut raison de cette originale entreprise communale qui mettait Dourgne en tête des villages dotés de cette géniale invention. La petite usine électrique termina ses jours sous le poids d’un camion qui y tomba dessus au début des années 60. Seul le Bassin Haut et la petite construction en pierre nous rappellent aujourd’hui son existence.

Archives Communales de Dourgne.

mercredi 15 octobre 2008

De la diversité chez Georges CORNU

De la diversité dans les formats et donc dans les formes, on peut dire que les ingénieurs des établissements Cornu en avaient à Paris en 1934, ils en ont même eu après la guerre en 1946.
Regardez ces trois appareils, ils ont juste deux points en commun : ils sont fabriqués par la même maison et ont un préfixe identique : ONTOscope Stéréo 45x107, ONTOflex 6x9 et ONTObloc I en 35mm.
Le premier est à plaques, de couleur vert sombre, très lourd, équipé de deux 85mm Tessar de chez Zeiss : superbe, il produisait des plaques stéréo saisissantes de réalisme.
Le second est comme disait la réclame d’époque, « Le format idéal, l’appareil rêvé des amateurs et des reporters ; le seul appareil français reflex à pellicules ». Et c’était bien vrai. En plus son dos tourne pour choisir entre des photos verticales ou horizontales, malin le Cornu ! Excellent appareil, unique en son genre, l’Ontoflex connut dans les années d’avant guerre une vogue considérable.
Le petit troisième est plus jeune, quoique ses parents soient nés en 1941. C’est un joli petit compact 35mm à obturateur Coronto au 300ème et objectif Saphir Boyer de 50mm.
Tous ces boitiers sont superbement réalisés et témoignent encore une fois de l’ingéniosité de nos constructeurs.
Ets G. CORNU Fils, constructeurs, 175, rue des Pyrénées, 175, Paris XX.

samedi 11 octobre 2008

Dourgne inaugure la fée Lumière en 1892


C’est en 1890 que le Docteur AUGUSTE JAURES fit construire, sous les ruines du Castellas, une usine pour la fabrication d’énergie électrique.
Les turbines, produisant le courant, étaient actionnées par les eaux du Taurou retenues par un barrage que l’on appelle le Bassin Haut.
Dourgne fût une des premières communes à être équipée d’une telle installation, chaque maison possédait trois ampoules. Cette usine a été inaugurée le 2 juin 1892. A cette fête communale, présidée par M. JOSIER, préfet du Tarn, ont assisté plusieurs fonctionnaires de l’arrondissement, les autorités de la ville de Castres, au milieu d’un nombreux concours d’habitants des communes voisines et des habitants de Dourgne.
M. RAUCOULES, maire de Dourgne, ne négligeant rien dans ce qui peut intéresser les habitants de sa commune, a voulu réunir dans un banquet, les principaux élus de la commune et ceux de l’arrondissement qui avaient répondu à son appel. La musique de l’école d’Artillerie a apporté son brillant concours.
Durant un certain temps, c’est Joseph COLOMBIE qui était chargé de l’entretien des machines. Alors qu’il effectuait une réparation au château de Limatge, un dimanche de 1937, un jour de violent orage, il mourut électrocuté. Alfred LAGARDE qui l’avait emmené avec sa Citroën B12, le retrouva pendu aux fils.

Son histoire :
Le 27 septembre 1891 est signé à Dourgne un traité pour l’établissement de l’éclairage électrique entre le docteur Auguste JAURES adjoint au maire et Ms. GREZES et PIQUES ingénieurs constructeurs à Toulouse. Ce travail fait suite à un projet d’électrification daté du 17 septembre 1890.
Les deux ingénieurs étaient responsables de l’installation d’un ensemble de production électrique comprenant:
- la construction d’un barrage de dix mètres de haut.
- la construction d’un bâtiment pour les machines et le logement du gardien ainsi qu’une écurie et remise.
- la mise en place d’une conduite en fonte destinée à amener l’eau du barrage à la turbine.
- la mise en place d’une turbine avec ses accessoires.
- la mise en place de deux dynamos et leurs accessoires pouvant alimenter 240 lampes de 16 bougies.
- le branchement électrique de l’usine à la ville.
- la fourniture et la pose de 30 lampes dans les lanternes existantes, de 20 lampes à placer sur des consoles, et 2 lampes à arc de 200 bougies.

L’installation devra être prête à fonctionner dans un délai de trois mois à dater de la commande. L’article 3 du traité stipule aussi que les ingénieurs travailleront à leurs risques et périls mais auront observé toutes les prescriptions du décret du 15 mai 1888 relatif aux entreprises d’industrie électrique.
Le fonctionnement du matériel est garanti quatre ans à dater de la mise en marche de l’usine.

Cette installation coûtera 28.000 francs à la ville de Dourgne.

A suivre bien sûr...

mercredi 1 octobre 2008

Pour qui le LUMICLUB ?

Mais qui, en 1951, avait l’originalité d’acheter un appareil photo comme le LUMICLUB. Il est énorme, très lourd, et d’un emploi pas franchement pratique. En effet, c’est une « belle pièce » en aluminium poli, gainé de cuir véritable. La mise en batterie de l’objectif se fait par un tube rentrant chromé et le déclanchement est impossible tant qu’il n’a pas été tiré et verrouillé. L’avancement du film se fait par un levier découpé dans le carter supérieur, le déclenchement par une gâchette située au bas de la façade avant, un véritable parcours du combattant manuel.
Qui pouvait s’encombrer d’un tel phénomène, issu de la marque LUMIERE, mais qui n’avait rien à voir avec les autres beautés de la société Lyonnaise : très peu de monde, car ce fut un échec commercial et du coup, aujourd’hui, une rareté.

Et c’est bien là l’intérêt de cet appareil hors du commun, complètement fabuleux : au départ il y a PONTIAC, une autre marque française créée dans les années 1937/ 38 par un certain Laroche. La « première marque française » inonde le marché de publicité avec ses BlocMétal, Lynx, Super Lynx et autres BabyLynx avant de s’éteindre au début des années 50 avec un ultime projet qui ne verra jamais le jour : le Versailles.

Les travaux pour fabriquer le Versailles étaient déjà bien avancés et en particulier le moule du boitier, en fonte d’aluminium injectée, était réalisé. Ce genre de moule, complexe comme celui du Versailles coûte très cher. Lumière le racheta lors de la liquidation et cela nous valut note curieux Lumiclub.
Il est fièrement équipé d’un Flor-Berthiot 3,5 de 75mm sur un obturateur Royer allant de la pose au 300ème. Lumière utilisa timidement les deux viseurs (prévus pour un télémètre par Pontiac), l’un pour la visée à hauteur d’œil, l’autre à réflecteur à hauteur de poitrine.

Quel boitier, bon Dieu !